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Israël pourrait menacer d’utiliser ses armes nucléaires si l’Iran riposte à l’assassinat du chef du Hamas, Ismail Haniyeh, alors qu’il se trouvait à Téhéran. L’option nucléaire serait le pire des scénarios pour les États-Unis, qui tentent à tout prix d’éviter de s’impliquer directement dans une guerre chaude. L’escalade ne ramènera pas les derniers otages israéliens. Au contraire, elle ouvrira la porte à l’implication d’autres puissances nucléaires et empêchera le président iranien (modéré) nouvellement élu d’améliorer les relations avec l’Occident.

L’Iran a annoncé qu’il riposterait à l’assassinat du chef du Hamas, Ismail Haniyeh. Si ces représailles sont plus fortes qu’en avril, lorsque 300 drones et missiles ont été interceptés par différents États et ont donc causé peu de dégâts en Israël, la réaction d’Israël sera d’autant plus importante. Même si les représailles de l’Iran sont modérées, le Hezbollah au Liban, dont le commandant Fuad Shukr a également été tué par Israël, pourrait déclencher une escalade vers une guerre majeure. La multiplication des attaques du Hezbollah pourrait inciter Netanyahou à intervenir massivement au Liban. L’Iran ne pourrait alors plus rester les bras croisés, bien qu’il ait jusqu’à présent tenté d’éviter de s’impliquer dans une guerre directe avec Israël et son principal allié, les États-Unis.

Bien que les États-Unis mettent en garde contre une guerre majeure, le secrétaire à la défense, Lloyd Austin, a déjà promis un soutien à Israël, ce qui équivaut à des garanties de sécurité indirectes en cas d’attaque contre Israël. Cela pourrait en fait obliger les États-Unis à intervenir alors qu’ils ont déjà déployé leurs forces dans la région du Golfe.

Si les États-Unis réagissent avec trop d’hésitation, M. Netanyahou pourrait leur signifier qu’Israël dispose toujours d’armes nucléaires en cas de menace existentielle. Le ministre israélien de la défense, Moshe Dayan, avait déjà agi de la sorte en 1973 afin d’obtenir un soutien accru de l’administration Nixon lors de la guerre du Kippour. L’un des prétextes d’Israël pourrait être de mettre hors d’état de nuire les installations nucléaires iraniennes à l’aide de petites têtes nucléaires.

Israël cible les scientifiques nucléaires iraniens depuis longtemps afin de perturber le programme nucléaire de l’Iran. Entre 2010 et 2020, cinq scientifiques nucléaires iraniens (Masoud Ali-Mohammadi, Majid Shahriari, Darioush Rezaeinejad, Mostafa Ahmadi Roshan et Mohsen Fakhrizadeh) ont été tués dans des assassinats liés à l’étranger. L’Iran a accusé Israël d’être à l’origine de ces assassinats.

Les installations nucléaires iraniennes, et en particulier l’usine d’enrichissement d’uranium de Natanz, ont été attaquées en 2011 par Stuxnet, un code informatique agressif que l’Iran a accusé les États-Unis et Israël d’avoir développé et utilisé pour cibler ses systèmes de contrôle industriel nucléaire.

Bien qu’Israël ne soit pas sur le point d’utiliser des armes nucléaires pour le moment, il utilise la « coercition nucléaire » comme blackmail avec les États-Unis afin qu’ils interviennent de plus en plus militairement. Kissinger était en effet inquiet en 1973. « Nous devons faire en sorte qu’Israël gagne, mais qu’il se fasse saigner le nez, et surtout que les États-Unis restent indemnes », avait-il déclaré à l’époque.

L’ennemi principal de Netanyahou est l’Iran et il ne reculera devant rien tant qu’il ne sera pas isolé dans la région. L’idée d’utiliser des armes nucléaires contre le programme nucléaire iranien n’est pas nouvelle non plus. Toutefois, ce ne sont pas les armes nucléaires qui préoccupent M. Netanyahou, mais l’Iran. Ce n’est pas non plus une coïncidence si le ministre israélien de la culture, Amichai Eliyahu, a très tôt évoqué les armes nucléaires. L’utilisation d’armes nucléaires est un scénario d’horreur pour les États-Unis, qu’ils veulent éviter à tout prix. Cela ouvrirait également la porte à la Russie.

En ordonnant l’assassinat d’Ismail Haniyeh à Téhéran, le Premier ministre Netanyahou poursuivait plusieurs objectifs. Premièrement, il peut affirmer qu’il a atteint son objectif d’affaiblir l’organisation terroriste, même si les négociations sur un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et la libération des prisonniers sont désormais au point mort. Deuxièmement, il a sapé le président iranien modéré nouvellement élu, qui avait cherché à améliorer les relations avec l’Occident et à revitaliser l’accord nucléaire. Troisièmement, M. Netanyahou a démontré aux États-Unis qu’il agira indépendamment de la personne qui se trouve à la Maison Blanche. En fin de compte, ses actions pourraient entraîner les États-Unis dans une guerre régionale plus large.

Un autre Casus Belli s’est produit le 1er avril 2024 lorsqu’Israël a attaqué l’ambassade d’Iran à Damas, en Syrie, tuant 16 personnes dont 8 officiers des Gardiens de la révolution islamique (IRGC) et 2 civils syriens, et détruisant le bâtiment consulaire iranien. Cet acte de la part d’Israël a violé les droits souverains des États en vertu de l’article 22 de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961, qui stipule : « 1. Les locaux [diplomatiques] sont inviolables…2. L’État accréditaire a le devoir particulier de prendre toutes les mesures appropriées pour protéger les locaux de la mission contre toute intrusion ou tout dommage ».

L’Iran pourrait également s’abstenir de riposter si les auteurs de l’attaque peuvent être arrêtés. Toutefois, cela impliquerait également que les États-Unis fournissent à l’Iran des informations sur les auteurs de l’attentat. Cela permettrait d’éviter une nouvelle escalade dans le cadre d’un coup pour coup. Enfin, on pourrait s’inspirer de la résolution 598 du Conseil de sécurité des Nations unies à la fin de la guerre Iran-Irak en 1987, qui appelait à observer un cessez-le-feu immédiat, à interrompre toutes les actions militaires et demandait un « règlement global, juste et honorable, acceptable pour les deux parties ».

Photo : 9 août 2024, Téhéran, Iran : Le représentant du Hamas à Téhéran, KHALED GHODOMI, prend la parole lors d’une cérémonie à la mémoire du chef du bureau politique du Hamas, Ismail Haniyeh (portrait à droite), à la mosquée Mosallah de Téhéran, dans un contexte de tensions régionales liées à la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza. Le dirigeant iranien, l’ayatollah Khamenei, a promis de punir sévèrement Israël en représailles à l’assassinat du chef du Hamas, Ismail Haniyeh, à Téhéran, le 31 juillet 2024. © IMAGO / ZUMA Press Wire
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