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Depuis les années 1990, le ministère américain de la défense et le Pentagone n’ont jamais respecté les normes qui leur étaient imposées. Le dernier échec de l’audit ne montre aucune amélioration et indique un large éventail de problèmes internes empêchant toute évolution positive.

Une fois de plus, l’armée américaine n’a pas réussi à rendre compte de la totalité de son énorme budget lors d’un audit annuel. Comme cela a été révélé en novembre 2023, le Pentagone est incapable de localiser des parties de son budget de près de 1 000 milliards de dollars pour la sixième fois depuis 2018.

Les audits annuels du ministère de la défense (DOD) ont débuté en 2017, afin de réduire les dépenses du gouvernement. Il s’agit généralement d’un processus interne réalisé par l’inspecteur général du Pentagone. Malgré ces mesures, le Pentagone n’a pas réussi son audit, ce qu’il est légalement tenu de faire depuis la création du programme. L’ancien contrôleur du Pentagone, Thomas Harker, a fixé à 2027 la date limite à laquelle le Pentagone devra réussir son audit. Pourtant, il y a peu de signes de progrès.

Le directeur financier du ministère de la défense et sous-secrétaire du contrôleur de la défense, Michael McCord, a insisté lors d’une conférence de presse sur le fait que l’armée faisait des progrès. « Je tiens à souligner que, même s’il nous reste encore beaucoup à faire, le travail que nous avons accompli ces dernières années dans le cadre de l’audit a apporté des avantages significatifs au ministère », a-t-il déclaré. « Les progrès substantiels réalisés par les services montrent qu’en désignant des domaines prioritaires pour l’ensemble de la Défense, en concentrant les efforts et en définissant et en contrôlant des paramètres, nous obtenons un résultat important de manière collective ». M. McCord a poursuivi en soulignant que les avantages du processus d’audit se traduisaient notamment par une capacité accrue du ministère de la défense à soutenir les opérations américaines et des alliés tels que l’Ukraine ou Israël.

Malgré l’insistance de ses dirigeants, la négligence de l’armée américaine commence à inquiéter certains. En réponse à l’échec de l’audit de l’année dernière, les membres du Congrès américain Pete Sessions et James Comer ont lancé une enquête officielle sur les dépenses du Pentagone. Par ailleurs, les sénateurs Bernie Sanders, Elizabeth Warren, Rand Paul, Ron Wyden et d’autres ont commencé à réclamer un audit indépendant du ministère de la défense.

Malgré ces problèmes financiers, le budget du Pentagone continue d’augmenter. Le président Biden a demandé un budget inédit de 886 milliards de dollars pour le Pentagone en 2024. Les républicains de la Chambre des représentants ont souhaité ajouter 80 milliards de dollars à ce montant.

Parmi ses différents projets, le Pentagone est connu pour ses dépenses excessives en matière d’armement, d’équipement et de recherche et développement. Le programme F-35 a dépassé le budget de 165 milliards de dollars. En outre, la marine prévoit d’étendre ses activités de construction navale entre 2023 et 2052, avec des coûts estimés à 27 milliards de dollars par an. Toutefois, d’autres estimations font état d’une grave sous-estimation des coûts, qui atteindraient plutôt 31 milliards de dollars par an. Les estimations financières erronées du Pentagone ne surprennent pas grand monde, en particulier ceux qui connaissent les systèmes internes du ministère.

Alors que le Pentagone est sous le feu des projecteurs en raison de l’échec de son programme V-22 Osprey après de multiples crashs meurtriers et que les prix de certains drones valent leur pesant d’or, ces échecs d’audit mettent en lumière le manque de contrôle budgétaire et de surveillance du Pentagone. Actuellement, l’ensemble de la flotte d’Osprey est clouée au sol, ce qui concerne près de 500 appareils militaires (54 Osprey pour l’armée de l’air, 48 pour la marine et 360 pour le corps des marines). Le coût par Osprey est d’environ 84 millions de dollars. En 2021, le Pentagone a approuvé un programme quinquennal de 6,5 milliards de dollars pour 99 Osprey supplémentaires.

Depuis 1995, le Government Accountability Office (GAO) a régulièrement classé les systèmes financiers, les acquisitions d’armes et la modernisation des systèmes d’entreprise du Pentagone et du ministère de la défense dans la catégorie « à haut risque ». Dans son rapport, le GAO a identifié un suivi insuffisant, un manque de plans d’action, un manque de capacité à effectuer des changements et un manque de progrès démontrés. Le domaine de la modernisation des systèmes d’entreprise a été particulièrement critiqué car il ne répondait à aucune des normes du GAO. Ce contrôle insuffisant a probablement conduit, en partie, le ministère de la défense et le Pentagone à ne pas respecter les normes d’audit.

Le GAO a recommandé à plusieurs reprises au ministère de la défense de corriger ces problèmes, notamment en procédant à des examens de routine des systèmes et de la gestion des données. Toutefois, si le Pentagone ne prend pas ces recommandations au sérieux, il est peu probable que les choses changent.

La question est donc de savoir combien de temps le Congrès et le gouvernement américains continueront à accepter ces échecs d’audit avant d’agir pour montrer que le Pentagone n’est pas au-dessus de la loi.

Photo : Le secrétaire à la Défense Lloyd J. Austin III, le général Mark A. Milley, président de l’état-major interarmées, et Mike McCord, sous-secrétaire à la Défense (contrôleur)/chef des services financiers, témoignent lors d’une audition de la commission des services armés de la Chambre des représentants sur la demande de budget de la défense pour l’exercice 2023, 2118 Rayburn House Office Building, Washington, D.C., le 5 avril 2022. © DoD Photo by U.S. Air Force TSgt. Jack Sanders
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