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La deuxième réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TPNW) s’est tenue à New York à la fin de l’année 2023. Le traité exprime des inquiétudes quant aux conséquences humanitaires de l’utilisation d’armes nucléaires et appelle à la destruction complète des armes nucléaires. Aucun détenant de l’arme nucléaire ou allié des États-Unis n’est signataire du TPNW. Israël possède au moins 200 armes nucléaires et s’oppose à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

La deuxième réunion des États parties au traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TPNW) s’est tenue à New York du 27 novembre au 1er décembre 2023. Du point de vue des organisateurs, elle a été une réussite.

Le traité exprime des inquiétudes quant aux conséquences humanitaires de l’utilisation d’armes nucléaires et appelle à la destruction complète des armes nucléaires. Il est entré en vigueur en janvier 2021 et avait obtenu 93 ratifications et 69 signataires au moment de la conférence. Cela représente environ trois quarts des États du monde.

La dissuasion nucléaire domine la pensée de l’assurance de la sécurité

En fait, il existe une profonde méfiance entre les États dotés d’armes nucléaires (EDAN) et les États non dotés d’armes nucléaires (ENDAN). Les ENDAN ont renoncé à leur droit de développer et de posséder des armes nucléaires lorsqu’ils ont adhéré au traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Ils pensaient ainsi éviter de devenir la cible principale d’un conflit nucléaire.

Les ENDAN s’estiment trompés. Ils ont renoncé à la possession d’armes nucléaires en adhérant au TNP ; cependant, les ENDAN estiment que les EDAN n’ont pas honoré leur engagement de négocier sérieusement un désarmement complet, comme l’exige l’article VI du TNP. Ils ont donc demandé une interdiction juridiquement contraignante, ce que représente le TPNW.

Les efforts diplomatiques des États parties pour abolir les armes nucléaires ont créé une norme contraire à celle des EDAN, à savoir le désarmement au lieu de la dissuasion. Néanmoins, le discours des EDAN domine l’opinion des élites politiques de ces pays et de leurs alliés. Aucun EDAN ni aucun État allié ne soutient le TPNW, puisque l’OTAN se considère comme une alliance basée sur la dissuasion nucléaire.

Il ne peut y avoir de monde sans armes nucléaires que si le dogme de la dissuasion nucléaire est abandonné. Rien n’indique que les responsables de la sécurité internationale soient prêts à le faire. Lors de la conférence de l’UE qui s’est tenue à Bruxelles les 4 et 5 décembre 2023, intitulée « Non-prolifération et désarmement », le thème central était « Défense et dissuasion » et non pas contrôle des armements et désarmement.

La logique de la dissuasion repose sur un étrange paradoxe. On suppose que l’adversaire adhère rationnellement à cette logique, mais on suppose en même temps l’irrationalité d’une intention d’attaque. En tout état de cause, les armes nucléaires n’ont pas empêché les guerres conventionnelles. Les guerres de Corée, du Vietnam, des Malouines, de l’Inde contre le Pakistan et celles contre Israël en 1973 et 2023, ainsi que la résistance ukrainienne contre la puissance nucléaire russe, en sont quelques exemples. Néanmoins, la Corée du Nord, l’Inde et le Pakistan pensent pouvoir utiliser leurs armes nucléaires pour empêcher des attaques avec des armes conventionnelles.

Dissuasion nucléaire et guerre nucléaire

Le nombre d’armes nucléaires a certainement diminué depuis la fin de la guerre froide. Cependant, les EDAN ont violé l’article VI du TNP en modernisant en permanence leurs armes nucléaires. Cette modernisation s’inscrit parfaitement dans la logique sécuritaire des armes nucléaires.

La dissuasion n’est pas le seul objectif des armes nucléaires. Pour que les armes nucléaires soient utiles, elles doivent également pouvoir être utilisées. Si elles ne peuvent pas être utilisées, elles ne constituent pas un moyen de dissuasion crédible. Les armes nucléaires deviennent alors inévitablement des armes de guerre. Des armes nucléaires plus petites rendent la dissuasion plus crédible, mais rendent également leur utilisation plus probable. Ce principe s’appliquait déjà à la stratégie de « réponse flexible » de l’OTAN dans les années 1970, lorsqu’on s’est rendu compte qu’une menace de destruction mutuelle massive n’était pas crédible. Croire qu’une confrontation nucléaire peut être limitée est une hypothèse séduisante mais irréelle. Aucune étude ne peut prouver qu’une guerre nucléaire peut être limitée.

Les armes nucléaires ne rendent pas nécessairement les EDAN et leurs alliés plus sûrs, comme ils le supposent. Au contraire, les EDAN et leurs alliés sont les premières cibles des autres EDAN. Comme pendant la guerre froide, il pourrait s’agir des pays européens. Les grands États dotés d’armes nucléaires, les États-Unis et la Russie, pourraient essayer d’épargner leurs grandes villes en cas de guerre nucléaire et de limiter la guerre à l’Europe avec des armes nucléaires plus petites. Le traité de 1987 sur les forces nucléaires à portée intermédiaire devait empêcher cela, mais il a été dénoncé par le président Trump en 2018. Une escalade de la guerre en Ukraine recèle à nouveau ce danger.

Dissuasion élargie et coercition nucléaire

À cela s’ajoute le principe de la dissuasion élargie. Les alliés des EDAN, tels que les membres de l’OTAN, la Corée du Sud et le Japon, s’appuient sur la promesse des EDAN d’utiliser leurs armes nucléaires en cas d’attaque contre les alliés (« États parapluies »). Or, le traité de non-prolifération contiendrait la promesse inverse, à savoir de ne pas utiliser d’armes nucléaires. Les alliés des EDAN courent le risque de devenir la cible d’armes nucléaires. Mais cette promesse est aussi une menace de suicide pour les EDAN, car ils pourraient alors devenir eux-mêmes la cible d’une frappe de représailles.

De plus, il faudrait mettre fin au partage nucléaire de l’OTAN si les alliés américains voulaient rejoindre le TPNW. Les armes nucléaires non stratégiques stockées dans différents pays de l’OTAN (Belgique, Allemagne, Italie, Pays-Bas et Turquie) devraient être retirées. Il en va de même pour les missiles russes stationnés au Belarus.

Une autre raison de posséder des armes nucléaires est que la simple menace d’utiliser des armes nucléaires (« coercition nucléaire ») peut apporter des avantages politiques. Israël a utilisé ses armes nucléaires, par exemple, pour forcer les États-Unis à prendre certaines mesures. En 1973, le ministre israélien de la défense, Moshe Dayan, a menacé d’utiliser des armes nucléaires pour obtenir un soutien militaire plus important de la part des États-Unis. Cela indique qu’Israël pourrait également utiliser cette tactique dans sa guerre actuelle à Gaza. Ce n’est pas une coïncidence si le ministre israélien de la culture, Amihai Eliyahu, a évoqué cette possibilité lors d’une interview à la radio en novembre 2023, déclarant que l’option nucléaire serait « un moyen » de traiter la question de Gaza. C’est uniquement pour cette raison qu’Israël n’envisagera pas de rejoindre une zone sans armes nucléaires au Moyen-Orient.

Les EDAN ne progresseront pas vers le désarmement nucléaire dans un avenir prévisible. Le TPNW n’atteindra donc pas son objectif de désarmement complet dans un avenir prévisible, même si ses partisans font preuve d’optimisme.

Tous ces arguments ne doivent pas faire oublier le mérite du TPNW d’avoir créé un nouveau système de normes comme alternative au système de dissuasion, qui a également une base juridique.

Photo : Exposition interactive d’art urbain « La paix commence avec elle » au siège de l’ONU, à New York, le 25 octobre 2023. © UN Photo/Loey Felipe
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