Skip to main content

Si la crise des retraites n’est peut-être pas le sujet principal des prochaines élections européennes de juin 2024, elle reste au premier ordre des préoccupations lors des élections nationales. Pourtant, la solution pourrait se trouver en dehors de la politique. Un nouveau paradigme est nécessaire. Au lieu de se tourner vers l’État pour financer le système de retraite, les nouvelles générations devrait obtenir les outils nécessaires pour être financièrement avisées et commencer à planifier leur propre retraite.

L’Europe est confrontée à un changement démographique et à une crise des pensions. Selon Tommy Bengtsson, du Centre de démographie économique de l’université de Lund, la proportion mondiale de personnes âgées de 65 ans et plus devrait passer de 7,5 % en 2005 à 16,1 % d’ici 2050.

La baisse de la fécondité ainsi que l’augmentation considérable de l’espérance de vie dans le monde occidental au cours du siècle dernier ont entraîné un déséquilibre entre le nombre de travailleurs et le nombre de personnes à charge. Ce déséquilibre met à rude épreuve les ressources des régimes de retraite et augmente les coûts de la santé publique. Le rapport annuel de la Commission européenne sur le vieillissement en 2024 a révélé que la population de l’UE devrait diminuer, tandis que le rapport entre les retraités et les travailleurs risque d’augmenter.

Selon la Banque centrale européenne, les pensions dans la plupart des pays de la zone euro reposent sur trois piliers : les régimes de retraite financés par le gouvernement, les régimes de retraite professionnels et les pensions privées. Alors que les pensions privées sont détenues par une petite minorité, les pensions professionnelles constituent un complément essentiel à celle fournie par l’État. Aux Pays-Bas, par exemple, la pension professionnelle dépasse 200 % du PIB. Il existe deux types de pensions professionnelles : les régimes à cotisations définies (CD) et les régimes à prestations définies (PD).

Dans les régimes à cotisations définies, les retours sur investissement ne sont pas garantis et le risque financier est supporté par le retraité, et non par l’entreprise qui gère son argent. Les régimes à prestations définies offrent un revenu fixe aux retraités. Bien que plus sûrs que les régimes à cotisations définies, les régimes à prestations définies sont vulnérables aux faibles taux d’intérêt.

La chute des taux d’intérêt depuis les années 1980 a laissé les titulaires d’assurance à prestations définies avec des revenus insuffisants pour couvrir leurs pensions. Cette situation a conduit de nombreux fonds de pension à se tourner vers les régimes à cotisations définies, ce qui aura un impact important sur les pensions de la zone euro. Si les régimes à cotisations définies peuvent offrir des rendements plus élevés que les régimes à prestations définies, ils sont soumis à moins de contraintes réglementaires, ce qui expose les retraités aux turbulences des marchés financiers. Ce risque financier accru survient à un moment où les coûts de l’énergie augmentent et où l’inflation repart à la hausse, suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie et à l’assouplissement des mesures mises en œuvre pendant le COVID.

L’augmentation de la participation des travailleurs qui continuent à travailler au-delà de l’âge de la retraite et le relèvement de l’âge de la retraite pour les générations futures sont quelques-unes des mesures que les États européens mettent en œuvre pour faire face à la crise des retraites. L’adoption d’une législation visant à relever l’âge de la retraite est un processus lent et difficile pour de nombreux États européens, qui se heurte à une forte résistance de la part des syndicats et des politiciens populistes de gauche comme de droite. L’opposition farouche des syndicats en France en est un exemple frappant.

L’une des solutions possibles à la crise des retraites réside dans la « Silver Economy » (l’économie des séniors), définie comme la partie de l’économie consacrée aux besoins et aux demandes des adultes plus âgés. Les seniors et les professionnels âgés (45-64 ans) constituent le groupe d’âge le plus riche au monde. L’essor de la « Silver Economy » n’est pas dû au fait que les personnes âgées sont intrinsèquement plus riches, mais au fait que les pays riches sont plus âgés et les pays pauvres plus jeunes.

Le vieillissement en Europe peut donc être une opportunité pour le business et l’investissement. Les experts prévoient que la « Silver Economy » connaîtra une croissance supplémentaire de 3,2% par an d’ici 2030. Les initiatives de l’UE visant à sensibiliser au potentiel de la « Silver Economy », telles que l’étude de la Commission européenne en 2018, prévoient que ce segment pourrait valoir 5,7 milliards d’euros en 2025.

Un ancien proverbe chinois disait : « Le meilleur moment pour planter un arbre était il y a 20 ans. Le deuxième meilleur moment, c’est maintenant ». La sagesse de ce proverbe pourrait s’appliquer à la crise des retraites. Avec l’allongement de la durée de vie et le maintien d’une bonne santé et d’une activité physique prolongée, le risque de survivre à ses propres économies augmente. C’est la principale crainte citée par environ deux tiers des personnes interrogées dans une enquête GOBankingRates réalisée en 2023.

Le temps est peut-être venu pour les nouvelles générations d’adopter un nouveau paradigme. Étant donné qu’à l’avenir, l’État ne sera plus en mesure de fournir toutes les prestations sociales (y compris la retraite), chaque personne doit commencer à planifier sa propre retraite dès sa jeunesse. L’éducation aux investissements financiers devrait faire partie de tous les programmes d’enseignement secondaire. Les jeunes adultes devraient profiter de ce défi pour acquérir des connaissances financières afin de planifier leur propre avenir, et ce plan financier devrait commencer dès maintenant.

Photo © iGlobenews
Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner