L’ESA a récemment confirmé que le lancement d’Ariane 6 aura lieu durant le dernier trimestre de 2023. Son objectif est de remplacer Ariane 5 et de confirmer l’objectif commun de l’Union européenne d’indépendance spatiale. JUICE a été lancé en avril à bord d’une fusée Ariane 5 pour rechercher des signes de vie sur les lunes de Jupiter.
Daniella Vanova
16 Mai 2023
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Ariane 6 est un système de lancement remplaçable. Depuis 2010, Ariane 6 est développée par Ariane Group pour le compte de l’Agence spatiale européenne (ESA). La décision de commencer son développement a été inaugurée au Conseil de l’ESA lors de la réunion ministériel de décembre 2014. La principale motivation derrière son développement était de maintenir le leadership de l’Europe sur le marché des lancements spatiaux commerciaux, qui évolue rapidement. Cela facilitera un réseau de communication plus large et soutiendra l’objectif d’indépendance de l’Europe en matière d’accès et d’utilisation de l’espace.
Le plan initial prévoyait le lancement d’Ariane 6 en 2020, en remplacement Ariane 5 qui est déjà basée dans l’espace. Cependant, en raison de la pandémie de la Covid-19, le lancement a pris trois ans de retard. Récemment, le directeur du siège parisien de l’ESA, Josef Aschbacher, a indiqué que des progrès suffisants avaient été réalisés pour le lancement inaugural d’Ariane 6, prévu au dernier trimestre de 2023.
Cependant, pour un projet d’une telle ampleur, la date et le programme prévus pour le lancement doivent être fixés. Avant même le lancement, M. Aschbacher a déclaré que trois grandes étapes devaient être franchies avant le lancement.
Pour réussir, l’essai de mise à chaud de l’étage supérieur sera effectué au centre d’essai des moteurs de l’agence aérospatiale allemande DLR à Lampoldhausen et sur le pas de tir en Guyane française. Bien avant le lancement proprement dit, des essais plus approfondis et plus interconnectés auront lieu en Guyane française. En guise de test initial, le moteur Vulcain 2.1 doit subir une campagne d’essais combinés. Il s’agit de valider les fusées et le pas de tir en tant que système unifié. Une fois terminée, la campagne continuera. La consolidation de l’infrastructure au sol et la réalisation de tests appropriés réduiront considérablement le coût et la durée d’une campagne de lancement d’Ariane 6.
Photo : Transfert et hissage d’Ariane 6 sur le lanceur. Transfert de la coiffe d’Ariane 6 sur le lanceur vers le portique ELA-4 et mise en place de la coiffe d’Ariane 6 sur le lanceur le 11 juillet 2022 au Port spatial de l’Europe à Kourou, en Guyane française. Crédit ESA-M.Pedoussaut
L’innovation technologique intégrée à la construction d’Ariane 6 lui permettra de lancer des charges utiles lourdes et légères sur un large éventail d’orbites. Ces missions concerneront l’observation de la Terre, les télécommunications, la météorologie, la science et la navigation. Par contre, un projet aussi complexe visant à assurer l’indépendance de l’Europe en matière de satellites et de communications nécessite un financement européen unifié.
La France, l’Allemagne et l’Italie sont les trois plus gros contributeurs de l’Agence spatiale européenne. Ensemble, ils ont accepté de garantir l’avenir de la prochaine génération d’Ariane 6 et de financer des programmes de développement spatial. Pour assurer l’indépendance spatiale et éviter une compétition spatiale bipolaire entre la Chine et les États-Unis, l’ESA demande à ses membres de contribuer à hauteur de 18,5 milliards d’euros au cours des trois prochaines années. Cela permettra, comme l’a déclaré le ministre français de l’économie, M. Le Maire, que « l’Europe soit unie dans l’espace », en soulignant que « l’indépendance a un prix. Si nous voulons être indépendants, nous devons mettre de l’argent sur la table ».
Un nouveau développement spatial qui, selon des scientifiques, pourrait permettre la survie d’organismes vivants – le Jupiter Icy Moons Explorer (JUICE) – a décollé de la Guyane française le 14 avril pour entamer son voyage de huit ans vers Jupiter. JUICE a été lancé par la fusée Ariane 5 de l’ESA. Cette mission est dirigée par l’ESA. Elle se concentrera sur trois lunes de Jupiter susceptibles de contenir des océans : Callisto, Europe et Ganymède. À l’heure actuelle, en l’absence de recherches approfondies, on pense que ces lunes possèdent d’immenses océans d’eau.
Photo : JUICE Image de lancement 14 avril 2023. Crédit ESA-S.Corvaja
Nicolas Altobelli, membre du projet JUICE à l’ESA, a déclaré que ce serait la « première fois que nous explorons des habitats au-delà de la ligne de gel » entre Mars et Jupiter. Il s’agit de la première mission de l’ESA vers un système orbital jovien. Il s’agit également de la première mission vers une lune autre que la lune terrestre. L’importance de ce voyage réside dans ce que JUICE permettra d’étudier et de découvrir. Il s’agira d’explorer en profondeur la surface gazeuse complexe de Jupiter, y compris ses relations avec les lunes oxygénées et glacées contenant potentiellement des océans d’eau salée sous la surface. En juillet 2031, la sonde JUICE sera entrée dans l’orbite de Jupiter et explorera Ganymède, Europe et Callisto.
Une fois l’étude approfondie, on espère que les lunes glacées de Jupiter abriteront des organismes vivants. Cette hypothèse s’appuie sur ce que l’on sait déjà de la Terre. Même les plus petits microbes, tels que les bactéries et les archées, se sont révélés capables de survivre sur Terre sans la lumière du soleil et pourraient donc se trouver ailleurs également. En outre, les lunes qui seront explorées – Ganymède, Callisto et Europe – partagent également des propriétés communes qui ressemblent à celles de la Terre.
Ganymède, la plus grande lune du système solaire, serait la seule à posséder son propre champ magnétique. Callisto, dont la surface serait la plus ancienne du système solaire, sera explorée dans le but d’étudier son environnement. Europe aurait une surface jeune et active qui pourrait émettre de la vapeur d’eau dans l’espace « par le biais de panaches et de geysers ». La mission sur Europe consiste à rechercher des poches d’eau et des signes d’activité.
Si l’une ou plusieurs des lunes de Jupiter remplissent les critères d’accueil de la vie, l’étape suivante consisterait à envoyer une mission pour atterrir à sa surface. Il s’agirait d’une étape importante pour prouver l’existence de la vie au-delà de la Terre.